Ikonastasia

Autrefois les Grecs dressaient des temples de marbre pour saluer leurs Dieux et là sur des stèles d’or déposaient leurs offrandes…

Aujourd’hui la vie s’est bien simplifiée ! Et est-ce l’homme qui a dressé les Dieux à vivre à sa manière à lui, c’est-à-dire petite ? Ou les Dieux qui ont terriblement réduit leur train de vie ? En tous cas, dorénavant, ils doivent se contenter de petits bastringues en zinc. Misérables petites boîtes à lettres pour suppliques ramenées aux dimensions de l’humain. Posées de guingois sur les bords de route. Portes béantes, le plus souvent, et les pieds tordus par quelque voiture pressée…
…Dedans ? De pauvres icônes de carton… Oubliée Byzance la flamboyante pour des Saintes Sulpiceries en matière synthétique. Affirmation d’un délabrement du goût ? Oui mais aussi une précipitation, une urgence à encore essayer de communiquer avec les Dieux ?

Cette Grèce, comme celle vue par Angelopoulos, suintante de froid, de pluie, cette Grèce assenée ici est, disons-le, terriblement angoissante et pathétique… Pauvres petits appels …
Que bientôt les bétonneuses écraseront…essaimés encore dans un monde où il n’y a plus de place pour eux.

Françoise Xenakis

There was a time when the Greeks erected marble temples to honour their Gods, and on the golden altars laid their offerings…

Today, life is simpler! Did man teach the Gods to live like him ; small? Or was it that the Gods lowered their way of life? In any case, from now on, they have to content with small zinc boxes. Decrepit letterboxes scaled to human dimensions. Poised, lop-sided at the road sides with theirdoors often gaping and their legs twisted by hurried motorists…
… And inside? Cheap cardboard icons… Forgotten the flamboyant Byzantine for synthetic trinkets. Evidence of decaying taste? Yes, but also haste ; an urgency to still try to communicate with the Gods?

The Greece, like the one Angelopoulos saw, sweats in the cold, in the rain. This Greece, unveiled here, let’s say it, is terribly painful and pathetic… Helpless calls…
that soon the bulldozers, will silence… still reveberate in a world where is no longer an ear for them.

Françoise Xenakis